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Un médicament prévient la perte de l’odorat et du goût due au COVID-19

biologie 12 avril 2022

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La perte de l’odorat et du goût – un symptôme caractéristique du COVID-19 – n’était pas dans l’esprit d’un groupe de chercheurs de la Yale lorsqu’ils se sont lancés dans une étude au printemps 2020.

Un médicament permet de retrouver l’odorat et du goût 

Les scientifiques, dirigés par Joseph Vinetz, spécialiste des maladies infectieuses, souhaitaient savoir si un médicament utilisé pour traiter la pancréatite pouvait réduire la charge virale du SARS-CoV-2 et améliorer les symptômes chez les personnes nouvellement diagnostiquées avec le COVID-19. Mais ils ont plutôt trouvé quelque d’inattendu, puis ils ont essayé de comprendre en faisant une étude.

Cette étude s’est déroulée de juin 2020 à avril 2021. Elle a montré que le médicament, appelé camostat mésylate, a peu contribué à diminuer la charge virale. Mais, à la surprise des chercheurs, il a apporté un autre type de bénéfice. « Les patients qui ont reçu ce médicament n’ont pas perdu l’odorat ou le goût. C’était une surprise », déclare le Dr Vinetz.

C’est important car la perte de l’odorat, connue sous le nom d’anosmie, et la perte du goût sont des symptômes courants du COVID-19. Pour beaucoup, les sens guérissent parfaitement lorsque l’infection s’estompe. Mais pour d’autres, l’effet persiste à des degrés divers (avec le variant Omicron, ces symptômes peuvent encore se produire, mais pas aussi souvent qu’avec les autres variants).

Comment cette découverte « surprenante » a-t-elle été faite ?

Le Dr Vinetz explique qu’il a été motivé à l’origine pour étudier le camostat mésylate après avoir vu une étude publiée en avril 2020 dans Cell qui montrait comment ce médicament pouvait empêcher le SARS-CoV-2 de pénétrer dans les cellules. Le Dr Vinetz a recruté plusieurs collègues pour collaborer, notamment Anne Spichler Moffarah, spécialiste des maladies infectieuses, et Gary Desir, qui a dirigé l’essai clinique.

L’essai randomisé de phase II a recruté 70 participants qui ont été testés positifs au COVID-19 dans les trois jours suivant le début de cette étude. Les participants ont pris ce médicament quatre fois par jour pendant sept jours. Bien que l’essai ait été interrompu lorsqu’il est apparu clairement que l’objectif principal de réduction de la charge virale n’était pas atteint, les chercheurs pensent que les résultats surprenants concernant la perte de l’odorat et du goût justifient une étude supplémentaire.

Si ce médicament était approuvé à cette fin, les médecins pensent qu’il pourrait changer la donne. « Ce ne serait pas un médicament coûteux. Notre idée était que tout le monde le prenne en cas de diagnostic positif, car il est difficile de prévoir qui perdra son odorat ou son goût, et il vaut mieux prévenir que d’attendre que cela se produise », explique le Dr Desir.

D’autres avantages pour les personnes traitées pour le COVID-19

Ce médicament présente également d’autres avantages, puisque cette étude a montré que les personnes qui l’ont reçu ont signalé des améliorations notables liées à la fatigue, par rapport à celles qui ont reçu un placebo.

« Les personnes ayant reçu du camostat mésylate dans le cadre de l’essai ont commencé à se sentir moins fatiguées et mieux dans l’ensemble après le quatrième jour, ce qui était statistiquement différent du groupe placebo », explique le Dr Vinetz. « Et il n’y avait essentiellement aucun effet indésirable dans le groupe du camostat mésylate ».

Pour que le camostat mésylate puisse être utilisé pour prévenir la perte du goût ou de l’odorat liée au COVID-19, il faudra un essai clinique de phase III et une demande d’autorisation d’utilisation d’urgence auprès de la FDA. Tout cela prendrait du temps, explique le Dr Chupp. Mais puisqu’il n’existe aucun autre traitement, le camostat mésylate semble très prometteur.

Cette recherche a été pré-publiée dans medRxiv.

Source : Yale University
Crédit photo : iStock