De nouvelles cibles pour traiter la maladie de Parkinson
Des scientifiques de l’Institut d’immunologie de La Jolla (LJI) ont découvert que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson présentent une « signature génétique » claire de cette maladie dans leurs cellules T à mémoire. « La maladie de Parkinson n’est généralement pas considérée comme une maladie auto-immune », explique Cecilia Lindestam Arlehamn, professeur adjoint de recherche à l’INL, « mais tous nos travaux indiquent que les cellules T jouent un rôle dans cette maladie ».
Une vision changeante de la maladie de Parkinson
La maladie de Parkinson évolue avec la mort des neurones du cerveau qui produisent la dopamine. Malheureusement, les scientifiques n’ont pas réussi à déterminer les causes de cette mort cellulaire, mais ils ont un indice : les neurones condamnés contiennent des amas d’une protéine endommagée appelée alpha-synucléine.
Les recherches de LJI suggèrent que ces amas pourraient être le baiser de la mort pour les neurones producteurs de dopamine. Alessandro Sette et Lindestam Arlehamn ont récemment montré que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson ont des cellules T qui ciblent l’alpha-synucléine à un stade précoce de cette maladie
Les cellules T autoréactives peuvent endommager les propres cellules de l’organisme, y compris les neurones. En fait, les cellules T autoréactives sont à l’origine de nombreuses maladies auto-immunes.
Des cibles médicamenteuses inattendues
Cette nouvelle étude pourrait offrir un moyen d’arrêter ces cellules T dans leur élan. L’équipe de l’INL a découvert que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson ont des cellules T à mémoire avec une signature génétique très spécifique. Les gènes associés au ciblage de l’alpha-synucléine pourraient très bien être à l’origine de l’inflammation permanente dans les cas de maladie de Parkinson.
« L’identification de ces gènes pourrait permettre aux médecins de déterminer rapidement quels patients ont des cellules T auto-immunes et fournir un diagnostic précoce indispensable », explique Lindstam Arlehamn.
Un gène important exprimé dans ces cellules T est le LRRK2. Ce gène est associé au type génétique, ou familial, de la maladie de Parkinson. Les neurones de nombreuses personnes atteintes de la maladie de Parkinson expriment LRRK2, mais cette nouvelle étude est la première à montrer que ce gène est exprimé dans les cellules T.
Cependant, de nombreux gènes exprimés dans ces cellules T étaient totalement inattendus et n’étaient pas liés à la maladie de Parkinson auparavant. « Ce résultat suggère que nous avons trouvé de nouvelles cibles pour des thérapeutiques potentielles », déclare Sette.
La voie vers de nouveaux traitements par des anticorps
Pour l’avenir, Lindestam Arlehamn et ses collaborateurs prévoient d’étudier des échantillons de cerveau post-mortem. Ces travaux permettront de confirmer si les cellules T autoréactives présentes dans le sang ciblent également les neurones des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. L’équipe souhaite également rechercher d’autres cibles, appelées antigènes, qui pourraient être reconnues par les cellules T chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson.
« Maintenant que nous pouvons voir ce que font ces cellules T, nous pensons qu’intervenir avec des thérapies par anticorps pourrait avoir un impact sur la progression de cette maladie, surtout à un stade précoce », ajoute le professeur Sette, docteur en sciences biologiques, qui a dirigé ces travaux avec Lindestam Arlehamn.
Activer ou inhiber différents gènes
Pour traduire ces travaux en nouvelles thérapies, il sera important que les scientifiques étudient comment ils peuvent activer ou inhiber différents gènes à différents stades de la progression de la maladie de Parkinson. « Nous avons maintenant de nombreuses pistes pour les futures recherches », déclare M. Sette.
Cette recherche a été publiée dans npj Parkinson’s Disease.
Source : La Jolla Institute for Immunology
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