L’essence au plomb a fait baisser le QI d’une partie de la population américaine
Plus de la moitié des Américains pourraient avoir un QI légèrement inférieur après avoir inhalé des gaz d’échappement des véhicules fonctionnant à l’essence au plomb lorsqu’ils étaient enfants. On pense que les dommages sont plus prononcés chez les personnes nées dans les années 1960 et 1970, lorsque l’utilisation de ce carburant était à son apogée.
Les dommages causés par le plomb
Selon Aaron Reuben, de l’université Duke en Caroline du Nord, des effets similaires se sont probablement produits dans d’autres pays à revenu élevé. « Les schémas d’utilisation du plomb dans l’essence tout au long du siècle dernier étaient très similaires dans les pays développés ».
Le plomb a commencé à être ajouté à l’essence dans les années 1920 pour que les moteurs des voitures fonctionnent mieux. Si cette substance pénètre dans le cerveau, elle peut perturber la signalisation nerveuse et, à des niveaux plus élevés, tuer les cellules cérébrales. Les jeunes enfants sont particulièrement vulnérables, car ce métal perturbe le développement du cerveau.
En utilisant les données d’une enquête nationale, Reuben et ses collègues ont analysé les niveaux de plomb circulant de plus de 11 600 enfants âgés de 1 à 5 ans à partir d’échantillons de sang prélevés entre 1976 et 2016. Ils ont également estimé les niveaux de plomb dans le sang pour la période allant de 1940 à 1975, en se basant sur l’utilisation d’essence au plomb à cette époque. Ces données ont ensuite été mises en relation avec une formule établie de l’influence de l’exposition au plomb sur le QI.
Une baisse moyenne du QI de 2,6 points
Leurs résultats suggèrent que la moitié de la population américaine actuelle avait des niveaux élevés de plomb dans le sang lorsqu’elle était enfant. Dans l’ensemble du pays, ils estiment que l’exposition au plomb a pu entraîner une baisse moyenne du QI de 2,6 points. Les personnes nées entre le milieu et la fin des années 1960 pourraient avoir perdu en moyenne 5,9 points.
Dans les années 1970, il a été reconnu que de minuscules particules de plomb présentes dans les gaz d’échappement pouvaient pénétrer dans la circulation sanguine des personnes et que des niveaux environnementaux plus élevés de ce métal étaient liés à de moins bons résultats scolaires chez les enfants.
Les effets peuvent durer longtemps
L’essence au plomb a été interdite dans les véhicules routiers aux États-Unis en 1996, au Royaume-Uni en 2000, en France en 2000 et au Canada en 1990. Selon Mathew Hauer, de l’université d’État de Floride, qui a participé à ces travaux, cette dernière étude démontre les effets durables de certaines toxines environnementales. « Le long héritage est vraiment important. Les effets peuvent durer pendant une période significative. Cela pourrait être le cas avec d’autres toxines ».
Cette recherche a été publiée dans la revue PNAS.
Source : New Scientist
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