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Les images qGRE identifient les lésions de la maladie d’Alzheimer

Technologie 04 mars 2022

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La maladie d’Alzheimer est généralement diagnostiquée sur la base de symptômes, par exemple lorsqu’une personne présente des signes de perte de mémoire et des difficultés à réfléchir. Jusqu’à présent, les examens IRM du cerveau ne se sont pas révélés utiles pour le diagnostic précoce en pratique clinique.

Une analyse mathématique des IRM

Ces scanners peuvent révéler des signes de rétrécissement du cerveau dû à la maladie d’Alzheimer, mais ces signes ne deviennent évidents que tard dans l’évolution de la maladie, bien après que le cerveau a subi des dommages importants et que la plupart des personnes ont été diagnostiquées par d’autres moyens.

Mais de nouvelles recherches menées par la faculté de médecine de l’université Washington à Saint-Louis montrent qu’une analyse mathématique des données obtenues par une nouvelle méthode d’IRM permet d’identifier les lésions des cellules cérébrales chez les personnes aux premiers stades de la maladie d’Alzheimer, avant que le rétrécissement des tissus ne soit visible sur les examens IRM traditionnels et avant l’apparition des symptômes cognitifs.

La technique qGRE

Cette étude s’appuie sur une nouvelle technique d’IRM à écho de gradient quantitatif (qGRE) développée dans le laboratoire de Dimitry Yablonskiy pour montrer les zones du cerveau qui ne fonctionnent plus en raison d’une perte de neurones sains.

« En utilisant cette technique chez des patients atteints de la maladie d’Alzheimer, nous avons découvert des zones cérébrales qui semblent normales sur l’IRM traditionnelle, mais qui sont sombres sur les images qGRE, ce que nous attribuons à une neurodégénérescence importante », a déclaré Satya V. V. N. Kothapalli, membre du personnel scientifique en radiologie et premier auteur de cette étude. « Nous les appelons la ‘matière noire' ».

Alors que l’IRM traditionnelle est capable de montrer où les zones endommagées du cerveau ont diminué de volume, la technique qGRE va plus loin en détectant la perte de neurones qui précède le rétrécissement du cerveau et le déclin cognitif.

Une étude montre l’efficacité de cette technique

Pour démontrer l’efficacité de cette approche, une étude sur 70 personnes âgées de 60 à 90 ans ont été recrutées par le Charles F. and Joanne Knight Alzheimer Disease Research Center (Knight ADRC). Les participants ont passé des tests cliniques et cognitifs approfondis afin d’évaluer leur niveau de déficience cognitive.

Le groupe de participants comprenait des personnes sans déficience cognitive ainsi que des personnes présentant des déficiences très légères, légères ou modérées. Chaque participant a subi un scanner cérébral TEP ou une ponction lombaire pour évaluer la quantité de plaques amyloïdes dans son cerveau. Ils ont également subi des examens IRM du cerveau.

Scanner l’hippocampe avec la technique qGRE 

Les chercheurs ont appliqué la technique d’IRM qGRE pour scanner l’hippocampe, le centre de la mémoire du cerveau et l’une des régions cérébrales les plus tôt touchées par la maladie d’Alzheimer. Les résultats ont montré que l’hippocampe contenait souvent une section de tissu viable avec des neurones relativement préservés et une zone morte de matière noire pratiquement dépourvue de neurones sains.

Ces zones de matière noire étaient présentes chez les personnes dont le test de dépistage de l’amyloïde était positif mais qui ne présentaient pas encore de symptômes, et elles s’agrandissaient à mesure que la maladie progressait. Par rapport aux mesures traditionnelles de l’atrophie cérébrale par IRM, les biomarqueurs de la matière noire présentaient une bien meilleure corrélation avec les scores cognitifs individuels pour les démences très légères à modérées.

Un outil de diagnostic précoce

« Notre test qGRE offre un grand potentiel en tant qu’outil de diagnostic précoce pour le stade préclinique de la maladie d’Alzheimer, offrant ainsi une large fenêtre pour une intervention thérapeutique », a déclaré Yablonskiy. « Il a également un grand potentiel en tant que technique d’IRM non invasive disponible dans un cadre clinique conventionnel pour le dépistage à grande échelle qui est nécessaire pour faire entrer les personnes atteintes d’Alzheimer précoce dans les essais cliniques de médicaments. »

Cette recherche a été publiée dans le Journal of Alzheimer’s Disease.

Source : Washington University School of Medicine in St. Louis
Crédit photo : StockPhotoSecrets