Technologie Média

Une tache froide ralentirait la perte de glace des glaciers islandais

Changement Climatique 13 février 2022

une-tache-froide-ralentirait-la-perte-de-glace-des-glaciers-islandais

Les glaciers islandais fondent plus lentement que prévu parce qu’ils sont proches d’une « tache d’eau froide » dans l’océan Atlantique Nord.

Une « tache d’eau froide » aide les glaciers islandais

Brice Noël, de l’université d’Utrecht, aux Pays-Bas, et ses collègues ont conçu un modèle permettant de reconstituer la fonte des glaciers islandais entre 1958 et actuellement. Ce modèle est basé sur des données régionales de l’Atlantique Nord environnant, ainsi que sur des données atmosphériques et des informations provenant des glaciers eux-mêmes.

L’équipe a ensuite utilisé ces informations pour prédire ce qu’il adviendra des glaciers de ce pays entre maintenant et 2100. Les chercheurs ont constaté que les glaciers islandais – qui couvrent environ 10 % du pays – ont commencé à fondre plus rapidement vers 1995. Mais, en accord avec des travaux publiés précédemment, ils ont découvert que ce rythme de perte s’est ralenti après 2011.

« Nous savions déjà que les glaciers islandais fondaient plus lentement grâce aux satellites, mais avec ce modèle, nous avons pu établir un lien avec le développement d’une tache d’eau froide dans l’océan », explique Noël. Cette « tache froide » est un endroit de l’Atlantique Nord, juste au sud du Groenland, qui est particulièrement froid. « Nous n’avons pas de preuve concluante de son origine ni de sa taille réelle, car elle fluctue constamment », ajoute M. Noël.

L’équipe estime qu’avant 2011, l’Islande perdait environ 11 gigatonnes de glace par an, alors qu’après cette date, les pertes ont été d’environ la moitié de ce chiffre.

Cette « tache froide » continuera à refroidir les glaciers islandais

Le modèle des chercheurs prévoit que cette « tache froide » continuera à refroidir les glaciers islandais jusqu’en 2050 environ, date à laquelle il se dissipera. À ce moment-là, les glaciers recommenceront à fondre plus rapidement. « À la fin du XXIe siècle, ces glaciers auront perdu un tiers de leur volume total », indique M. Noël.

En outre, d’ici à 2100, les glaciers auront perdu la même quantité de volume que celle qu’ils auraient perdue indépendamment de l’existence ou non de cette tache froide dans l’Atlantique Nord, selon le modèle. Mais M. Noël ajoute que ce modèle ne tient pas compte des effets du réchauffement supplémentaires ou des boucles de rétroaction générés par la fonte des glaces. « Cette vitesse de fonte pourrait donc être encore pire », ajoute-t-il.

La clé pour ralentir le rythme des pertes est de freiner le changement climatique. « Si nous arrêtons le réchauffement autant dans la seconde moitié du siècle, nous pourrons conserver ces glaciers plus longtemps », ajoute-t-il.

« Il s’agit d’un article important qui montre que, dans le contexte d’un réchauffement planétaire à long terme et d’un réchauffement supérieur à la moyenne dans l’Arctique, un refroidissement régional à court terme peut en fait réduire la diminution des glaciers en Islande », déclare Ian Willis du Scott Polar Research Institute de l’université de Cambridge.

Elle serait causée par le réchauffement de l’Arctique

Willis pense que cette tache froide est probablement causée par le réchauffement de l’Arctique, qui a conduit l’eau douce froide provenant de la fonte des glaces à pénétrer dans l’océan Atlantique Nord.

Cette recherche a été publiée dans Geophysical Research Letters.

Source : New Scientist
Crédit photo : iStock