Une stratégie pour des vaccins de prochaine génération contre le COVID-19
Une étude a révélé un guide pour le développement de vaccins contre le COVID-19 qui empêchent le coronavirus d’infecter les cellules humaines et qui sont plus résistants aux souches virales en évolution.
Cibler des régions peu susceptibles de muter
Les critères-clés de l’équipe pour les anticorps générés par les futurs vaccins sont de cibler des régions de la surface virale du SARS-CoV-2 qui sont peu susceptibles de muter et qui partagent des caractéristiques-clés que les chercheurs ont découvertes comme pouvant empêcher le virus d’infecter les cellules humaines.
« Les vaccins actuels, qui ciblent la protéine S du SARS-CoV-2, sont très efficaces pour réduire la gravité de cette maladie et sa transmission. Les futurs variants, qui apparaîtront en raison de la propagation massive du virus, pourraient échapper à la stratégie actuelle », explique le professeur Chris Goodnow, coauteur principal de cette étude.
« La recherche de vaccins de nouvelle génération offrant une résistance accrue aux futurs variants est donc justifiée. Nos travaux fournissent un guide pour le développement de tels vaccins à l’épreuve du futur », déclare le professeur Daniel Christ.
Une stratégie pour réduire la future menace virale
Les variants du coronavirus, tels que le Delta, ont déjà partiellement réduit l’efficacité des anticorps générés par les vaccins actuels pour prévenir l’infection par le COVID-19, même s’ils restent très efficaces pour prévenir les décès et les hospitalisations.
« Notre recherche vise à identifier une stratégie de vaccination qui cible un site-clé de la vulnérabilité à la surface du virus, qui est peu susceptible de changer au fil du temps. Ce site est inchangé dans les différentes souches de coronavirus, ce qui signifie que le virus serait moins susceptible de muter pour échapper à une réponse immunitaire par des anticorps qui cibleraient ce site », explique le Dr Deborah Burnett, premier auteur d’un article.
Les scientifiques ont cherché à générer des anticorps ciblant la région de l’épitope de classe 4, qui est conservée parmi les coronavirus (il ne varie pas génétiquement entre les différentes souches) et pourrait donc être moins susceptible de muter à l’avenir.
« De manière surprenante, lorsque nous avons immunisé des souris avec une protéine du SARS-CoV-1, 80 % des anticorps formés se sont liés à l’épitope de classe 4. En revanche, lorsque nous avons utilisé la protéine du SARS-CoV-2, les souris ont produit des anticorps qui ciblaient les régions de la protéine S du coronavirus qui sont sujettes à des mutations permettant au virus de s’échapper facilement », ajoute-t-elle.
« Ce que cela nous amène à proposer, c’est que le ciblage du SARS-CoV-2 n’est peut-être pas la stratégie de vaccination la plus efficace, et que l’immunisation contre un virus apparenté peut produire une réponse par des anticorps plus résistante contre les souches émergentes. »
Une voie vers un vaccin de nouvelle génération
Les chercheurs ont ensuite entrepris d’identifier les anticorps qui non seulement se lient à l’épitope de classe 4 du SARS-CoV-2, mais peuvent également bloquer son entrée dans les cellules humaines. Ils ont analysé des milliers de cellules B productrices d’anticorps et ont identifié un rare sous-ensemble de ces anticorps de « classe 4 » capables de neutraliser le virus.
« Lorsque nous avons analysé la structure 3D de ces anticorps, ils présentaient tous plusieurs caractéristiques communes », explique le professeur Christ. « Ils se sont liés à la même section de l’épitope de classe 4 et ont orienté le reste de l’anticorps pour bloquer physiquement l’accès au site de liaison de l’ACE2.
Nous avons confirmé que les anticorps capables de bloquer cette interaction étaient capables de neutraliser le SARS-CoV-2 dans des tests de laboratoire, qui ont permis de déterminer la capacité du virus à pénétrer dans les cellules humaines. »
Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont isolé un sous-ensemble d’anticorps efficaces pour neutraliser le SARS-CoV-2, qu’ils espèrent faire passer aux essais cliniques en tant que thérapie par anticorps.
Il ne nécessiterait aucune mise à jour
« Pour faire progresser cette approche vaccinale, nous cherchons maintenant à tester des vaccins de nouvelle génération dans nos modèles précliniques, afin de déterminer s’ils peuvent générer ces anticorps, qui peuvent protéger contre différentes souches du virus », explique le professeur Goodnow.
« Nous savons maintenant ce qu’il faut rechercher dans une réponse par des anticorps. Notre objectif pour cette recherche est de contribuer à la mise au point d’un vaccin qui ne nécessiterait aucune mise à jour et qui pourrait, à terme, conduire à un meilleur contrôle du COVID-19. »
Cette recherche a été publiée dans Immunity.
Source : Garvan Institute of Medical Research
Crédit photo : StockPhotoSecrets