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Le lien entre la viande et les cardiopathies se trouve dans les intestins

biologie 24 décembre 2021

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Depuis des années, on nous conseille d’y aller mollo avec les steaks, car les recherches ont montré que les régimes pauvres en viande rouge sont les plus sains pour le cœur. Maintenant, de nouvelles recherches continuent de révéler des détails sur la façon dont une alimentation comprenant trop de viande rouge peut avoir un impact sur notre risque de maladie cardiaque, y compris des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux. Et il ne s’agit pas seulement de graisses et de cholestérol.

Tout commence dans l’intestin

Des recherches antérieures menées par Stanley Hazen, président du département de médecine cellulaire, ont établi que les bactéries de l’intestin jouent un rôle-clé dans l’effet de la viande rouge sur le risque de maladie cardiaque. Les bactéries intestinales produisent un composé appelé triméthylamine N-oxyde (TMAO) lorsqu’elles digèrent la choline, la lécithine et la carnitine, qui sont des nutriments abondants dans les produits animaux tels que la viande rouge et le foie, ainsi que dans d’autres produits animaux.

Il a été démontré que des niveaux élevés de TMAO circulant dans l’organisme constituent un outil puissant pour prédire les risques futurs de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébral et de décès.

Plus de viande rouge et plus de TMAO

La dernière étude du Dr Hazen a révélé que les taux de TMAO étaient deux à trois fois plus élevés chez les participants dont la viande rouge était la principale source de protéines (représentant 25 % de l’apport calorique quotidien) pendant un mois, que chez les participants dont la viande blanche ou les aliments d’origine végétale étaient les principales sources de protéines.

Le régime à base de viande rouge a eu un double effet : non seulement les participants à cette étude qui l’ont suivi ont produit plus de TMAO que ceux qui suivaient les autres régimes, mais leurs reins étaient également moins efficaces pour éliminer la TMAO de l’organisme.

Toutefois, lorsque les participants ont cessé de suivre le régime riche en viande rouge, leur taux de TMAO est revenu à la normale en trois ou quatre semaines. Cela indique que les taux de TMAO sont modifiables, ce qui signifie que nous pouvons modifier notre risque de maladie cardiaque en changeant notre régime alimentaire, explique le Dr Hazen.

Les participants à  cette étude qui obtenaient leurs protéines à partir de viande blanche ou de sources végétales présentaient une plus faible création de TMAO par les microbes intestinaux et une meilleure élimination de la TMAO par les reins, ce qui suggère que ces types de régimes sont plus sains pour nos cœurs et nos corps, ajoute-t-il.

Des interventions diététiques pour diminuer la TMAO

« Nous savons que les facteurs liés au mode de vie sont essentiels à la santé cardiovasculaire, et ces résultats s’appuient sur nos recherches précédentes concernant le lien entre la TMAO et les maladies cardiaques », déclare le Dr Hazen. « Ils fournissent des preuves supplémentaires de la manière dont les interventions diététiques peuvent constituer une stratégie de traitement efficace pour réduire les niveaux de TMAO et diminuer le risque ultérieur de maladie cardiaque. »

À mesure que les chercheurs en apprennent davantage sur le TMAO et sur la façon dont les microbes intestinaux le créent à partir de la choline, de la carnitine et de la lécithine, cela ouvre la possibilité de trouver des moyens d’interrompre ce processus afin de réduire le risque de maladie cardiovasculaire chez une personne.

Personnaliser les choix alimentaires

Le Dr Hazen explique : « nous pouvons utiliser le taux de TMAO pour aider à personnaliser les choix alimentaires d’un individu, afin de déterminer, pour une personne donnée, quelle quantité de viande rouge est excessive, et comment essayer de faire baisser ce taux, de la même manière que nous le faisons avec les taux de cholestérol, de triglycérides ou de glucose. »

Cette recherche a été publiée dans Nature Microbiology.

Source : Cleveland Clinic
Crédit photo : Depositphotos