Les travailleurs de nuit pourraient réduire leur risque de diabète
Les personnes qui travaillent de nuit pourraient prévenir les effets néfastes sur le contrôle de leur glycémie en ne mangeant que pendant la journée.
Le contrôle de la glycémie
Un petit essai réalisé sur des personnes qui simulaient un travail de nuit en restant éveillées toute la nuit a montré que celles qui ne mangeaient qu’entre 7 heures et 19 heures avaient une régulation normale de leur glycémie après un seul repas test. Dans ce régime, ces personnes se réveillaient pendant la journée pour manger, mais s’abstenaient de manger pendant les heures de travail de nuit.
En revanche, les personnes qui prenaient quelques repas la nuit, comme c’est souvent le cas pour les personnes travaillant de nuit, avaient un contrôle glycémique moins bon.
L’organisme tente de maintenir la glycémie dans une certaine fourchette, car une glycémie élevée endommage les vaisseaux sanguins, mais si les niveaux sont trop bas, les cellules manquent d’énergie. Un mauvais contrôle de la glycémie peut évoluer vers un diabète de type 2, qui doit généralement être géré par un régime alimentaire et des médicaments et peut entraîner des maladies cardiaques.
Des travaux antérieurs ont montré que les travailleurs de nuit sont plus enclins à un mauvais contrôle de la glycémie et au diabète de type 2. C’est pourquoi Frank Scheer, du Brigham and Women’s Hospital de Boston (Massachusetts), et ses collègues se sont demandé s’ils pouvaient contrecarrer les effets sur la glycémie en faisant en sorte que les habitudes alimentaires soient davantage alignées sur l’horloge biologique normale des personnes.
Une petite étude comprenant 19 personnes
Ils ont demandé à 19 volontaires de manger un repas test soigneusement dosé au petit déjeuner, après quoi leur taux de glycémie a été mesuré. Ensuite, les participants ont progressivement modifié leur rythme de réveil, de sorte qu’au bout de trois jours, leur rythme était complètement inversé et ils dormaient pendant la journée. Le lendemain, le groupe a été divisé en deux.
Environ la moitié d’entre eux ont pris certains repas dans la journée et d’autres le soir, ce qui correspond au comportement de nombreux travailleurs de nuit. Ils ont ensuite pris le même repas test pour leur « petit déjeuner » de 19 heures ; leur taux de glycémie a augmenté de 19 % de plus qu’après le même test effectué au début de l’expérience.
Les autres n’ont reçu de la nourriture qu’entre 7 heures et 19 heures, et ont été réveillés deux fois pendant leur principal sommeil de la journée pour prendre un repas. Ils n’ont pas eu de changement significatif dans la réponse glycémique au repas test.
Élaborer un horaire de repas plus pratique
Selon M. Scheer, la plupart des travailleurs de nuit n’aimeraient pas se réveiller dans la journée pour prendre leurs repas. C’est pourquoi son groupe va tester un nouveau régime, dans lequel les personnes s’alimentent immédiatement avant et après leur sommeil, tout en continuant à prendre leurs repas entre 7 heures et 19 heures. « La prochaine étape consistera à élaborer un horaire de repas plus pratique », ajoute-t-il.
Bien qu’il puisse être désagréable de travailler toute la nuit sans repas, dit Scheer, il peut être utile de ne manger que de petites quantités et de s’abstenir des aliments riches en glucides qui font monter rapidement la glycémie.
Jonathan Cedernaes, de l’université d’Uppsala en Suède, estime que si ces résultats sont intéressants, « nous ne savons pas, sur la base de ces données, comment ces résultats métaboliques évolueraient si une personne était soumise à un horaire de nuit fixe pendant une semaine ».
Cette recherche a été publiée dans Science Advances.
Source : New Scientist
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