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Certains geckos utilisent leur queue comme un « cinquième pied »

Découverte 23 juin 2021

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Les geckos ont une capacité extraordinaire à s’accrocher aux surfaces verticales lisses grâce à des coussinets d’orteils spéciaux. Ce que l’on sait moins, c’est que certains geckos possèdent un autre coussinet adhésif sous l’extrémité de leur queue – et une étude montre qu’il est suffisamment solide pour supporter à lui seul le poids de l’animal.

Des coussinets sous la queue

Les coussinets adhésifs des orteils font l’objet d’un grand intérêt scientifique, explique Aaron Griffing de l’université Marquette dans le Wisconsin. Mais les coussinets de la queue sont beaucoup moins bien compris, bien qu’ils aient été reconnus pour la première fois il y a plus de 120 ans. « Ces structures sont restées mystérieuses pendant très longtemps », explique Aaron Griffing.

Pour comparer les coussinets caudaux aux coussinets plantaires, Griffing et ses collègues ont étudié le gecko à crête (Correlophus ciliatus), un gecko arboricole doté d’un coussinet caudal, originaire de Nouvelle-Calédonie, dans l’océan Pacifique.

L’équipe a utilisé de puissants microscopes pour observer l’anatomie microscopique de ces coussinets et a découvert qu’ils sont couverts de milliers de structures ramifiées ressemblant à des poils, appelées setae, qui peuvent s’accrocher à des surfaces par attraction intermoléculaire. Lors d’expériences en laboratoire, les chercheurs ont découvert qu’un coussinet caudal peut supporter cinq fois le poids corporel du gecko, soit à peu près l’adhérence d’un seul orteil de gecko.

Il peut agir comme un autre membre

Selon M. Griffing, cela signifie que la queue du gecko à crête peut agir comme un autre membre, ce qui peut s’avérer utile dans les arbres, où « il est très important d’avoir une bonne prise sur son environnement ».

Les chercheurs ont également suivi l’évolution du coussinet caudal au cours du développement embryonnaire. Ils ont constaté que le coussinet caudal grandit et change de forme comme les coussinets des orteils, et ce à peu près au même moment du développement de l’embryon. M. Griffing pense qu’à un moment donné de l’évolution du gecko, la « programmation du développement » des coussinets plantaires a été activée à l’extrémité de la queue.

« Ce qui est encore plus étonnant, c’est que ce phénomène s’est répété dans au moins cinq lignées différentes de geckos au cours de l’évolution », explique M. Griffing. Jendrian Riedel, de l’université de Bielefeld, en Allemagne, estime que la force d’adhérence du coussinet caudal est « inattendue », mais ajoute que « nos connaissances sur la variation de la performance adhésive chez les geckos sont encore limitées à un nombre relativement faible d’espèces ».

Étudier plus attentivement les geckos 

Des dizaines d’espèces de geckos ont des coussinets caudaux, et Griffing est curieux de savoir si ces structures de préhension suivent les mêmes schémas de développement que chez les geckos à crête. En outre, contrairement à la plupart des geckos, les geckos à crête ne régénèrent pas leur queue en cas de perte. M. Griffing veut en étudier les raisons, compte tenu notamment de l’utilité de la queue.

Cette recherche a été publiée dans Proceedings of the Royal Society B.

Source : New Scientist
Crédit photo : StockPhotoSecrets